« La pollution au plastique est aujourd’hui une pollution majeure, que l’on considère comme le marqueur de l’anthropocène : quand nos enfants et nos petits-enfants regarderont notre époque au sein des différentes ères géologiques, ils sauront que nous étions à l’ère du plastique1 ».
Cette affirmation révèle tout l’enjeu des questions relatives à la pollution plastique.
L’anthropocène est l’ère géologique définie par l’impact de l’activité humaine. La pollution au plastique en serait à ce titre son symbole absolu. Certaines analyses permettent en effet de lui donner une place prépondérante :
Le déchet plastique, par son omniprésence, par son imprégnation dans les couches sédimentaires […] et par les enjeux géopolitiques de recyclage qu’il représente à l’échelle mondiale, incarne à lui seul une matérialité caractéristique de l’Anthropocène2.
Le plastique est donc la représentation d’un péril majeur, entraînant la dégradation de nos écosystèmes. Les préoccupations environnementalistes se sont fortement développées en même temps que le processus de pollution s’est accéléré. En témoigne la philosophie de l’allemand Hans Jonas qui a le premier développé l’idée d’une responsabilité à l’égard des générations futures3, laquelle impose une prise en compte accrue de l’environnement pour que le développement des générations actuelles ne se fasse pas au détriment des générations futures.
La décennie 1970 marque ainsi la prise de conscience du péril écologique pesant sur la planète. Apparaît alors la notion phare de « développement durable », fondée sur un triptyque réunissant enjeux écologiques, économiques et sociaux. Leur équilibre permet ainsi d’assurer un développement plus durable. Cependant, les prémisses de ce concept furent hésitantes. En témoigne notamment l’affirmation du président Georges Pompidou selon laquelle il était certes nécessaire de préserver l’environnement, mais surtout de le rendre compatible avec l’industrie. Le prisme par lequel les politiques observaient l’environnement était ainsi un prisme économique et industriel dans une volonté de développement toujours accru.
Le cercle vicieux était ainsi amorcé. Le développement de la matière plastique a donc entraîné plus en avant ce mouvement délétère. Il fut d’autant plus insidieux que les effets néfastes de cette matière nouvelle n’étaient pas connus à sa création, expliquant l’engouement général pour son utilisation4. Les effets sont aujourd’hui titanesques, symbolisés dans l’apparition d’espaces nouveaux, dérivant dans nos océans, formant « le septième continent de plastique ».