Les apiculteurs chinois, ces pauvres hères

Chinese Beekeepers, Those Poor Wretches

DOI : 10.52497/sociopoetiques.2067

Résumés

En Chine, les apiculteurs restent généralement dans l’ombre. Itinérants pour la plupart, leur mode de vie spartiate et leurs tâches rudimentaires les positionnent à contre-courant des normes sociales contemporaines, entre le monde végétal et animal et celui des hommes, étrangers parmi leurs compatriotes. Aux yeux d’une société chinoise qui valorise le groupe, leur existence reste associée à l’image de paysans pauvres, laborieux et solitaires, presque marginaux, malgré leur réel engagement entrepreneurial. Dans les représentations sociales, les apiculteurs offrent donc l’image de personnages soit folkloriques, soit invisibles, libres donc suspectés, potentiellement exploitables. En convoquant ici littérature contemporaine, documentaire et production journalistique, nous esquisserons les contours de ce corps de métier méconnu vu par ses compatriotes chinois.

In China, beekeepers generally remain in the shadows. Most are transhumant, and their rustic lifestyle and rudimentary tasks place them at odds with contemporary social norms, between the plant and animal world and the human community, strangers among their compatriots. In the eyes of a Chinese society that values the group, their existence remains associated with the image of poor, hard-working and solitary peasants, almost marginal, despite their genuine entrepreneurial commitment. In social representations, beekeepers are either folkloric or invisible, free and therefore suspect, and potentially exploitable. Drawing on contemporary literature, documentary and journalistic production, we will sketch out the contours of this little-known profession as seen by its Chinese compatriots.

Index

Mots-clés

Chine, Tong (Su), Weng (Diedie), représentations sociales, transhumance, apiculteur, marginalité

Keywords

China, Tong (Su), Weng (Diedie), social representations, transhumance, beekeeper, marginality

Plan

Texte

Introduction

Dans un article publié en 2021 dans l’ouvrage collectif Apiculteurs, nature et société, les apiculteurs chinois transhumants y sont décrits comme les représentants d’une « marge à la fois active et dissonante » de la société chinoise1. Ce chapitre propose quelques grilles de lecture de la vie des apiculteurs ayant amené à une telle conclusion à partir de plusieurs supports où se déploie toute la sémantique relative à ce corps de métier tel qu’il est actuellement exercé en Chine et surtout tel qu’il apparaît aux yeux des Chinois. Mais avant tout, qu’est-ce que l’apiculture en Chine de nos jours ? Cette activité s’y exerce de deux manières. La première est une apiculture sédentaire et traditionnelle – avec tous les bémols que cette appellation impose – et se pratique généralement avec des espèces d’abeilles endémiques. La seconde, qui s’est développée dès le début des années 1990, depuis que la population est autorisée à librement se déplacer, est une apiculture transhumante. Elle emploie Apis Mellifera Ligustica Spinola, dite l’abeille italienne, une espèce initialement importée par le Japon avant d’atteindre la Chine au début du xxe siècle. Cette apiculture a pour objectif premier de produire de grande quantité de miel pour le commercialiser. La survie économique des apiculteurs engagés dans cette activité en dépend.

Mais en Chine, pratiquer l’apiculture transhumante ne se résume pas à installer ses ruches le temps d’une saison sur un site mellifère, de leur rendre visite de temps et temps, puis de revenir les récupérer quelques semaines plus tard pour la récolte. Transhumer signifie s’engager dans un mode de vie nomade et entièrement dédié à cette activité qui requiert énormément d’énergie, implique de nombreux sacrifices et qui, par ses conditions d’exercice, impose pénibilité et précarité. Or, il existe peu de sources scientifiques sur cette profession. La préférence se portant bien entendu sur les abeilles, le miel forcément, les techniques apicoles énormément, mais rarement sur les apiculteurs en tant que professionnels et individus. C’est donc dans le cadre de recherches au long court sur les marges sociales chinoises que j’ai décidé de m’intéresser de plus près à ces personnages mystérieux, aperçus furtivement le long des routes lors de périples en Chine rurale. Un terrain ethnographique, nécessaire pour pallier l’insuffisance des données, fut entrepris au cours de l’été 2017 dans la région nord-est de la Chine, près des frontières nord-coréenne, russe et mongole où se retrouvent chaque année une grande partie des transhumants au mois de juillet et août en raison des floraisons prometteuses.

Difficile pourtant de faire comprendre à mes premiers contacts, puis aux apiculteurs eux-mêmes, l’intérêt d’une telle démarche, d’un tel projet de recherche. Pourquoi s’intéresser à eux, leur mode de vie, leur choix, leur rapport avec les abeilles, l’environnement, les communautés rurales ? « Que voulez-vous que je vous dise ? C’est une vie de labeur très incertaine et qui rapporte peu. Beaucoup de dépenses, peu de bénéfices ». Si leur condition socioéconomique fait l’objet de publications antérieures, j’aimerais ici me pencher sur ce que j’ai entendu, lu et vu sur ces apiculteurs dans les sources chinoises, ces représentations qui m’ont finalement aussi conduite vers eux.

Quelle méthode et quelles sources ?

Malgré leur qualité et leur pertinence, certains travaux pertinents, mais réalisés par des non-Chinois ont intentionnellement été écartés de mon analyse afin de rester attentif aux seules représentations locales des apiculteurs. Également mis de côté les divers supports de communication produits par les apiculteurs eux-mêmes, essentiellement destinés à faire connaître leur technique et à vendre leur miel. Cependant, un choix s’avérait nécessaire parmi la multitude de supports de ces représentations, impossible à brasser de façon exhaustive : films, littérature, photos, réseaux sociaux, médias… Une sélection de textes et de vidéos a ainsi été retenue pour en décrypter le propos à la lumière des données de terrain. Nous nous pencherons donc sur une nouvelle de littérature contemporaine (la pauvreté des œuvres abordant le sujet atteste déjà du peu de cas que l’on fait des apiculteurs en général), sur un documentaire d’auteur (cinéma) et sur quelques vidéos amateurs et productions journalistiques accessibles sur les sites Internet chinois. Car, plus que dans nos contrées et dans des proportions incomparables, les Chinois communiquent désormais essentiellement par l’image. La figure de l’apiculteur, telle qu’elle est perçue aujourd’hui, se découvre alors à travers ces modestes productions, réalisées par des reporters ou de simples curieux de passages. Enfin, et bien qu’ils regorgent de ressources diverses et variées, j’ai délibérément exclu les réseaux sociaux Tik-Tok et WeChat pour des questions techniques et une contrainte de temps, préférant explorer les sources accessibles sur les plateformes Internet chinoises – équivalentes de Youtube – généralement un peu plus élaborées.

Pour commencer, plantons le décor

En Chine, on aperçoit les campements d’apiculteurs transhumants au bord des axes routiers, près des champs, au cœur des vergers, sous les bois fleuris, dans les steppes et les vallées. Les ruchers qui comprennent en moyenne 200 ruches restent le plus souvent isolés et à peine visibles depuis les routes principales, généralement installés dans des entre-deux, des espaces reliant la nature sauvage ou cultivée et les lieux habités, situés en marge de la société et des territoires chinois. Pourtant, ils sont soigneusement choisis par les apiculteurs pour des raisons pragmatiques : la disponibilité et la proximité de fleurs et de sources d’eau. Il s’agit le plus souvent de terrains vagues ou non exploités, éloignés des zones habitées importantes pour éviter tout incident avec les habitants et les autorités locales, suffisamment proches des bourgades pour assurer un approvisionnement en eau et nourriture et toujours situés le long de pistes accessibles par camion. Seuls les apiculteurs expérimentés savent tracer un itinéraire sur plusieurs saisons réunissant toutes ces conditions.

Pour la plupart des Chinois, citadins ou semi-citadins dans leur majorité, les apiculteurs demeurent relativement invisibles. On ne les aperçoit généralement que de loin. D’ailleurs, si l’on distingue bien les ruchers, on « devine » davantage qu’on ne voit les apiculteurs. L’image est toujours la même : des dizaines de ruches rassemblées en ligne ou en cercle, une ou deux tentes à proximité – préalablement canadiennes et noires, désormais à structure métallique, kaki ou bleues, une moto et éventuellement, un chien et sa niche. Pour les apiculteurs qui s’installent sur des voies de passage, l’ensemble est complété par une pancarte pour signaler la possibilité d’acheter du miel, dont les pots sont modestement déposés sur une petite table… offrant là une rare occasion d’approcher et de converser avec les producteurs.

Ces derniers sont donc le plus souvent des silhouettes sur lesquelles on sait peu de choses, car en Chine, les apiculteurs n’ont ni l’étoffe de héros, ni celle de savants et encore moins celle de bienfaiteurs de l’humanité grâce aux soins prodigués aux indispensables pollinisateurs. Au mieux, lorsqu’on n’a pas l’occasion de voyager, on croise leur figure dans des reportages ou sur de pittoresques photographies. Mais si l’on se penche d’un peu plus près, l’on peut découvrir quelques portraits plus consistants que je propose maintenant de détailler un peu à travers les trois exemples suivants.

Bonjour l’Apiculteur, une nouvelle de Su Tong

Pourquoi ce choix ? Simplement parce qu’un seul apiculteur est apparu au cours de mes recherches. Quelque peu déconcertée et ne possédant pas une bibliothèque infinie, j’ai sollicité Brigitte Duzan, traductrice et fine connaisseuse de la littérature chinoise contemporaine, pour savoir si elle avait croisé un tel personnage dans ses nombreuses lectures. Tout aussi perplexe que moi, elle a cherché et fini par m’orienter vers… la même œuvre. C’est dire combien ces personnages ont inspiré les auteurs chinois jusqu’à présent. Celui qui a saisi l’occasion de s’emparer d’une figure aussi intrigante s’appelle Su Tong. Né en 1963, très prolifique, Su Tong est une figure du mouvement littéraire néo-réaliste, s’intéressant au sort des femmes et de la jeunesse chinoises. Il a vu plusieurs de ses œuvres traduites en français dont le roman Épouses et concubines, adapté au cinéma par le réalisateur Zhang Yimou en 1991. Il est particulièrement renommé pour ses courtes nouvelles. En 1988, alors jeune écrivain, il publie dans la revue Beijing Literature l’une d’entre elles : Bonjour, l’Apiculteur.

Su Tong y décrit l’anxiété que suscite la vie urbaine moderne, la jeunesse en conflit avec le monde extérieur et la construction identitaire dans des espaces urbains en constante mutation. Les années 1980 marquent en effet la fin du maoïsme et les débuts de la transformation socio-économique de son pays. Le personnage principal de la nouvelle est un jeune désœuvré à la recherche d’un apiculteur rencontré peu de temps avant son arrivée en ville, et qui lui y avait donné rendez-vous. Dans ce récit, le jeune héros décrit l’apiculteur de façon pour le moins succincte : l’homme est grand et barbu, a les yeux allongés, porte un blouson en cuir noir… et rit étrangement de la même façon que son frère dépressif. En revanche, « l’apiculteur dégageait quelque chose d’étrangement surhumain, une aura qui ne m’effrayait pas, mais m’inspirait de l’admiration. J’avais honte de reconnaître que j’avais été ensorcelé par l’apiculteur ». Il semble pourtant être le seul à être impressionné, car lorsqu’il tente d’obtenir des informations auprès des citadins qu’il croise, on lui rétorque simplement que « les apiculteurs vivent dans la nature, dans des tentes, pourquoi donc celui-là viendrait-il en ville séjourner dans un hôtel ? » Soit. Au cours de sa recherche, le héros rencontre même une jeune femme qui semble s’intéresser à lui. Seulement, tout préoccupé qu’il est par le désir de retrouver l’apiculteur, il repousse ses avances, ressassant toujours cette même question : « avez-vous vu l’apiculteur ? » Agacée, la jeune séductrice finit par lui demander s’il exerce lui-même ce métier. « Non, mais je veux l’accompagner dans sa transhumance ». À cette intrigante révélation, elle répond : « quel romantique vous faites ! Au moins, vous m’avez trouvée moi ». Toujours pas tenté, le héros lui affirme que non. « Vous êtes homosexuel alors ? » Visiblement, il ne comprend pas de quoi elle parle. Finalement agacée, la jeune femme lui demande enfin pourquoi il ne profite pas d’être avec elle plutôt que de chercher cet homme. « Pour le moment, je ne pense à rien, je veux juste apprendre auprès de lui », lui avoue-t-il. C’est alors qu’elle lui lance : « seuls les gens qui souffrent élèvent les abeilles ». « Mais je n’ai jamais souffert, je ne veux tout simplement pas rentrer chez moi ». Manifestement incrédule, elle lui répète combien il est romantique avant de lui asséner un coup de pied : « allez donc chercher votre apiculteur, tirez-vous ! » À la fin de la nouvelle, malgré toutes ses tentatives, rencontres et fausses pistes, le jeune homme ne parviendra jamais à retrouver l’apiculteur.

Parmi d’autres évocations tout aussi vagues de l’apiculteur dans la nouvelle de Su Tong, que nous révèle vraiment cet échange ? L’action se déroule au cœur d’une fourmilière citadine en cette fin des années 1980 où le héros, ne se sentant à son aise ni chez lui ni à l’université, semble attiré par le mode de vie d’un paysan itinérant qui, à cette époque, ne fait pas encore partie des personnages habituellement croisés sur les routes. L’apiculteur suscite donc la curiosité parce qu’il choisit un métier – une façon de l’exercer surtout – non conventionnel qui l’éloigne des villes où, justement, tout le monde rêve de vivre et de s’enrichir. Dans les descriptions du héros et dans ses songes obsédants, l’apiculteur et ses abeilles représentent un monde naturel, harmonieux, poétique, beau et authentique, fuyant la cité où chacun s’acharne à répéter les mêmes corvées et où le dynamisme et la course animent les hommes. La vie imaginée et souhaitée de l’apiculteur, cet espace-temps mystérieux et inaccessible, évoque donc un espace intérieur de résistance et d’épanouissement où le héros s’imagine libre. Allégorie d’une impulsion utopique vers une émancipation inattendue, figure fuyante et invisible, l’apiculteur échappe à la surveillance. Sa recherche par le jeune héros démuni devient donc un acte symbolique de fuite, une quête de perspective de vie différente, puisqu’il souffre, sans le savoir, de son expérience de citadin et de son inadaptation à la modernisation imposée à tous qu’il perçoit.

Mais l’apiculteur reste introuvable, comme s’il souhaitait demeurer seul et indépendant, comme si le héros n’avait d’autre choix que d’accepter son sort. N’est pas libre qui veut. Peut-être même faut-il être un peu fou… car le mot apiculteur yangfengren « l’homme qui élève les abeilles » se prononce de la même façon que « l’homme qui cultive la folie ».

The Beekeeper and His Son, un film documentaire de Weng Diedie (2016)2

Partons ensuite à la rencontre d’un véritable apiculteur. Comme pour la littérature contemporaine, il n’existe à ce jour qu’un seul film documentaire sur le sujet, réalisé par une jeune cinéaste chinoise basée en Europe, et dont voici le synopsis :

Après avoir erré en tant que travailleur migrant dans la ville pendant un an, Maofu (la vingtaine) retourne dans l’exploitation apicole familiale située dans le nord rural de la Chine (Shanxi). Maofu apporte avec lui de grandes idées en matière de marketing et de vente de miel. Cependant, son père Lao Yu met l’accent sur la sincérité du lien sincère avec les abeilles, héritée de générations d’apiculteurs traditionnels. Aujourd’hui, alors qu’il est sur le déclin, Lao Yu est témoin de la dégradation de l’environnement et de la pollution qui ont également épuisé ses colonies d’abeilles. Il se bat contre son amour-propre et ses valeurs et se demande si son fils doit rester dans ce secteur traditionnel de travail et de commerce. À la fin, il réalise le sacrifice ultime d’abattre un arbre familial pour fabriquer les nouvelles ruches, tout en en conservant une partie pour son propre cercueil. Les animaux de la ferme font écho aux intensités émotionnelles du père et du fils, apportant parfois un soulagement comique inattendu3.

Apiculteur sédentaire, Lao Yu a le mérite d’être le sujet d’un film qui aborde un thème récurrent et préoccupant chez les apiculteurs, celui de la transmission d’un savoir, d’une éthique et d’une source de revenus… Observant les échanges entre père et fils, le film pointe le problème souvent évoqué de la difficulté de perpétuer et renouveler un corps de métier qui n’attire pas les jeunes. Dans le film, le spectateur suit le quotidien d’un vieil apiculteur tout à la fois inquiet de l’état de ses colonies décimées par des parasites (mites), dubitatif et frustré par un fils qui manque d’initiatives et de passion, agacé par une épouse à qui il reproche de ne rien comprendre. S’y dévoilent sans honte son dépit puis sa colère face à l’inaction ou aux expérimentations de son fils Maofu, la conscience d’une mort prochaine et ce savoir ancestral dont il ne sait que faire.

Derrière ce portrait particulier, la réalisatrice dépeint aussi les nombreuses difficultés du monde rural chinois qui peine à retenir sa jeunesse et deux modes de vie qui entrent en collision : l’ancienne génération ayant grandi dans une Chine maoïste, collectiviste et politisée qui s’adapte tant bien que mal aux changements survenus depuis, fait face à la toute nouvelle génération, née dans une Chine développée, enrichie et capitaliste. En outre, filmer les difficultés de communication entre ces deux apiculteurs est l’occasion d’évoquer l’incompatibilité entre un milieu rural, lent et arriéré, au savoir empirique transmis oralement, et un monde urbanisé compétitif, informé, théorisé, où toute richesse est « marchandisée » à outrance.

Ici, le contraste entre père et fils bouscule le spectateur : Lao Yu souhaite transmettre son savoir en insistant sur les années d’expérience nécessaire pour apprivoiser les colonies d’abeilles, maîtriser les techniques apicoles et comprendre l’environnement, clés d’une pratique réussie. Son fils Maofu veut surtout apprendre à vendre du miel et négocier efficacement pour obtenir de meilleurs profits, projet ambitieux qu’il résume ainsi : « l’apiculture consiste surtout à maximiser la production de miel ». Pourtant, dans ce portrait, le fils apprenti apparaît tout aussi décontenancé que son père. Allongé sur les ruches à écouter de la musique pop sur son téléphone ou penché sur un ouvrage de marketing, Mao Yu contraste par son attitude débonnaire avec son père qui contemple attentivement les changements de la nature au fil des saisons ou l’essaimage de ses colonies. Statique près de son père qu’il observe faire sans savoir comment aider, il préfère suivre son idée et s’engager dans des travaux d’agrandissement de la ferme, persuadé qu’il en sait déjà assez sur la vie des ruches : « les bases suffisent, si j’y passe trop de temps, je deviendrai apiculteur ! »

Ainsi, au fil des saisons, père et fils demeurent campés sur leur position et malgré une communication graduellement plus fluide et une entraide plus spontanée au bout d’un an de vie et de travail en commun – illustrée par la récolte de miel effectuée ensemble – on apprend que le fils finira par quitter la ferme pour travailler en ville, chez son oncle négociateur de produits de la ruche. The Beekeeper and his son questionne donc la place d’une activité considérée comme désuète dans sa forme sédentaire, incarnée par un homme obtus et vieillissant, bousculé par son fils emporté par la volonté d’innover pour s’adapter au marché : pourquoi ne pas choisir d’« évoluer » vers une activité plus gratifiante et rentable est en réalité une question qui taraude certains apiculteurs et intrigue d’autant plus les observateurs locaux.

Autres supports du discours populaire sur les apiculteurs

Malgré l’abondance des petites productions – textes et vidéos – concernant les apiculteurs chinois, dénicher des documents qui s’éloignent des habituelles descriptions de l’entretien des ruches ou de la production de miel pour s’intéresser davantage au portrait de ces hommes reste un défi. Pourquoi ? D’abord, parce que le sujet est relativement nouveau. L’apiculture, activité sédentaire et liée au monde paysan depuis des millénaires, n’est devenue visible sur l’ensemble du territoire que vers la fin des années 1980 lorsque les transhumances ont commencé à s’organiser et les ruchers à s’implanter un peu partout, hors des villages et sur les axes routiers. Ensuite, parce que l’apiculteur incarne un monde – en apparence – qui fonctionne à contre-courant de la dynamique socioéconomique qui porte le développement de la Chine depuis une trentaine d’années : lent, loin des foules et des villes, davantage orienté vers le milieu naturel que vers la société humaine. Ce sujet se situe précisément à l’opposé des récits stimulants qui passionnent les foules : réussite sociale, enrichissement, urbanisation, avancée technologique, entrepreneuriat, innovation, etc. Ainsi, pour mieux comprendre comment ces apiculteurs sont perçus en Chine, j’ai sélectionné plusieurs vidéos et textes assez représentatifs d’une vision populaire pour en analyser le contenu narratif :

  • Yangfengren4 de Meng Zhongyuan : un travail d’étude d’un étudiant au Xinjiang Arts University Media Department (Youku) mis en ligne en 2018 : une famille d’apiculteurs originaire de la province du Henan est établie pour l’été au Xinjiang, district kazakh de Keleke, et évoque son rapport avec la population locale (20’30).
  • A bite of China5 : un épisode d’une série documentaire à succès produite par CCTV (la télévision centrale chinoise) sur la richesse culinaire du pays. Consacré au miel, il a contribué à faire connaître le travail des apiculteurs en dressant le portrait d’un couple de transhumants, en seulement quelques minutes.
  • Yangfengren de gushi 6: un mini-documentaire anonyme sur un apiculteur originaire du Sichuan qui raconte son quotidien avec sa femme, son travail et les raisons qui l’ont amené à choisir ce métier (5’40).
  • Yangfengren Li Tianjing7 : produit par le Shanxi Arts Vocational College, autre mini-documentaire au style narratif très formel qui dresse le portrait d’un apiculteur vieillissant évoquant ses débuts dans le métier et se préparant à léguer son rucher à son fils, après quarante ans de pratique assidue (9’15). 

Il se dégage de ces divers documentaires quelques grands thèmes récurrents en matière de représentations. La vie des apiculteurs et de leur rucher a en effet le mérite d’être visuellement intéressante. Une importance est donc accordée prioritairement aux images qui souvent, parlent d’elles-mêmes. Le décor tout d’abord où des paysages naturels et pittoresques sont particulièrement mis en avant : le rythme du soleil, les vallées ou les étendues de fleurs – champs de colza ou fleurs sauvages, forêts d’acacias – les ouvrières qui butinent, l’activité des colonies dans et autour de la ruche. Apparaissent ensuite des éléments constants du quotidien de l’apiculteur en transhumance : les ruches bien sûr, la tente et son équipement intérieur – souvent filmés au moment du repas – la routine des activités quotidienne – toilette, repas, préparation et utilisation des outils. Enfin s’impose la présence du personnage principal : l’apiculteur, modestement vêtu, sans protection autre que, parfois, un chapeau avec voile, sans gants de protection ni vareuse, encore moins de combinaison. On le découvre affairé par l’accomplissement des gestes précis et répétitifs de la routine quotidienne, l’inspection des ruches principalement.

Lorsque la parole leur est donnée, au cours de leur activité ou lors d’entretiens, les apiculteurs expliquent le sens de leurs gestes, des soins aux colonies aux différentes étapes de la production de miel. Ils décrivent aussi l’origine de leur vocation, leur itinéraire de transhumance, leur vie laborieuse, leurs revenus, leur vision de l’avenir. Le spectateur observe également les épouses qui les assistent dans l’entretien du rucher et du campement, prennent en charge la lessive ou la cuisine et qui, relativement effacées, s’expriment peu. Les apiculteurs évoquent leur village natal où restent les enfants et parents, la rudesse de leur quotidien et leur nostalgie. Pour pallier le manque, demeure la fraternité avec les confrères de la même région d’origine – on joue et on boit ensemble –, l’établissement de liens avec la population locale – plus rare, des éleveurs kazakhs dans Yangfenren – et les contacts avec les clients de passage.

Bien que ces apiculteurs mentionnent rarement leur lien avec les abeilles, certains pourtant, évoquent parfois autre chose que la production de miel ou les conditions de transhumance. L’un d’eux dit aimer leurs abeilles et s’inquiéter pour elles quand il fait mauvais temps. Le son des abeilles en rassure un autre qui confie se sentir protégé lorsqu’elles bourdonnent non loin. Un dernier explique comment ils travaillent l’un pour l’autre. Cela signifie-t-il qu’ils n’ont rien de plus élaboré à dire sur le sujet ? Non, ce sont plutôt les questions posées par de jeunes curieux ou journalistes citadins à l’approche très pragmatique du métier qui amènent de telles réponses : le prisme est économique, l’apiculteur est vu comme un entrepreneur, un paysan commerçant et non un amoureux de la nature. Se voir confier autre chose que des préoccupations pragmatiques et commerciales autour desquelles l’activité apicole s’organise est une gageure pour le chercheur.

Les textes s’aventurent-ils plus loin que l’image ? L’examen de quelques articles journalistiques piochés au hasard des publications sur divers sites Internet chinois révèle combien une écriture particulièrement conventionnelle qui varie entre lyrisme et réalisme contribue à véhiculer et entretenir une représentation assez statique de la figure de l’apiculteur, paysan entrepreneur. On y retrouve les thèmes majeurs qui émergent dans les films précités transcris par des expressions toutes faites qui se font écho d’un texte à l’autre.

La vie en extérieur s’y trouve idéalisée. Le décor, généralement décrit en introduction, célèbre avec emphase l’abondance des fleurs, symbole de la poursuite du printemps perpétuel dont les apiculteurs profitent. À en croire les rédacteurs, ces hommes sont des poètes évoquant avec nostalgie à leurs visiteurs leur pays natal, toujours des petits villages lointains. Heureux et sentimentaux, ils vivent en harmonie avec la nature et son rythme, tout en déambulant gracieusement entre les ruches, bercés par une douce odeur de miel. Dans cette vie saine faite de grand air, nourris de ce miel si bénéfique, ils se laissent volontiers piquer pour prévenir d’éventuels problèmes articulaires. Grands connaisseurs des fleurs, capables de communiquer avec les abeilles, ils vont et viennent au gré du vent, personne ne sait d’où ils viennent, ni où ils vont. Cependant, ces travailleurs ne connaissent pas le repos, absorbés par un labeur constant dicté par les exigences des colonies. Fidèles et assidus – comme les abeilles – patients et organisés, il leur faut inspecter les ruches quotidiennement, lors de journées bien remplies. Leur métier est risqué, les charges sont lourdes et sa pratique demande beaucoup d’investissement, une constante mobilité faite de fatigue et de course continuelle. Il exige également ténacité, assiduité, patience, privation et souffrance. Seule la période hivernale, synonyme de retour chez soi, apporte un instant de répit tandis que les abeilles se reposent.

La proximité avec la nature et la promesse d’un labeur constant sont-elles pour autant garantes d’une vie respectable et enviable ? Non, car ces conditions de vie difficiles maintiennent les apiculteurs dans la pauvreté, malgré le souci et l’effort constant consacrés à l’amélioration des techniques et une productivité idéale. La famille vit éclatée, les déchirements et rares retours compliquent alors les responsabilités parentales et l’éducation des enfants se trouve souvent sacrifiée. Comme des millions d’autres migrants ruraux, les apiculteurs transhumants doivent compter sur leurs parents pour maintenir un semblant d’équilibre dans la vie de leur progéniture. Tandis que, loin de leur domicile, leur vie frugale sous la tente, la dureté du quotidien en extérieur, sans eau ni électricité, l’approvisionnement compliqué, la soumission aux conditions climatiques et l’isolement social sont leur lot quotidien. Autrement dit, comme le résument les apiculteurs : le miel est doux, mais la vie est amère.

Les représentations de l’apiculteur oscillent donc entre une vision bucolique de sa vie et de son activité dépeinte comme romantique et liée à la nature et une approche réaliste marquée par le prisme économique : un bon apiculteur reste pauvre sauf s’il vend bien son miel, donc s’il sait rendre ses abeilles productives dans des conditions de transhumance souvent imprévisibles. D’ailleurs, dans les commentaires des reportages, dans les messages des internautes qui les visionnent, dans les propos entendus sur le terrain auprès de ceux qui vivent ou travaillent au contact des apiculteurs, voire dans les propos des apiculteurs eux-mêmes, des expressions reviennent fréquemment. Révélatrices des représentations sociales évoquées ci-dessus, ces formules consacrées et stéréotypées deviennent aisément repérables dans le discours populaire :

  • 哪里有花那里是我的家 = ma maison se situe là où sont les fleurs ;
  • 追着花走 = avancer à la poursuite des fleurs ;
  • 追赶花期 = à la poursuite des floraisons ;
  • 甘苦自知 = connaître les épreuves ;
  • 苦中作乐 = trouver du plaisir dans la souffrance, le bonheur au cœur des difficultés ;
  • 甜蜜事业 = commerce doux ;
  • 游牧生活 = vie de nomade ;
  • 追时赶花 = courir après le temps pour rattraper les fleurs ;
  • 漂泊不定 = flotter sans ancrage ;
  • 为人们奉献香甜 = se consacrer aux douceurs pour autrui ;
  • 浪漫生活 = vie romantique ;
  • 对严冬的寒冷和酷暑的炎热,这些养蜂人都体验得更为深刻 = ces apiculteurs connaissent le froid de l’hiver et la chaleur de l’été de manière bien plus aiguë ;
  • 原始半游牧生活 = vie primitive, semi-nomade ;
  • 颠簸流落 = vie en soubresauts ;
  • 艰苦生活 = mener la vie dure ;
  • 到处奔走 = courir partout ;
  • 勤劳致富 = travailler dur pour s’enrichir ;
  • 忙忙碌碌 = très affairé ;
  • 跋山涉水 = franchir tous les terrains ;
  • 背井离乡 = quitter son domicile ;
  • 天道酬勤 = récompense céleste pour travail acharné ;
  • 辛苦劳碌= s’exténuer à la tâche.

Le journaliste Chen Jiying, auteur de l’un des articles consultés,8 termine ainsi le portrait de l’apiculteur qu’il a rencontré :

Zhang Xiusheng se souvient encore du texte « Les abeilles ouvrent la voie », tiré de son manuel d’école primaire, qui relatait le souhait de Lénine de rendre visite à un vieil apiculteur pour en savoir plus sur la situation et discuter avec lui des politiques apicoles. Puisque la grande « icône socialiste » avait pris l’initiative de rendre visite à un vieil apiculteur, le jeune élève Zhang Xiusheng en avait déduit que l’apiculteur devait être un très grand personnage. Cependant, dans la Chine contemporaine, l’apiculteur solitaire, avec son ancien métier et ses abeilles, responsables du maintien de l’équilibre écologique et de la durabilité de la chaîne biologique, est de plus en plus méprisé.

Ce que dit le terrain : interprétation de la réalité et du langage (les mots)

Cette juste remarque m’amène au dernier point, l’interprétation de ces représentations à la lumière – propos et images – des observations de terrain. Les apiculteurs sont perçus comme des « étrangers » qui s’installent temporairement sans vraiment se sentir concernés par l’environnement ni participer à la vie locale. D’ailleurs, en tant qu’individus qui « se déplacent », les apiculteurs se retrouvent également confrontés à une certaine stigmatisation. Bien que la plupart des transhumants évoqués ici appartiennent à l’ethnie majoritaire Han, leur mode de vie présente certaines similitudes avec celui des Tibétains, Tadjiks, Kazakhs, Kirghizes ou encore Mongols, traditionnellement engagés dans le pastoralisme et le nomadisme. Or, dans la société chinoise, les minorités ethniques sont perçues comme traditionnelles et exotiques, perpétuant un mode de vie arriéré qui n’a plus sa place dans un monde moderne servi par la technologie, sauf lorsque leur culture matérielle folklorisée sert le tourisme.

L’apiculture transhumante est donc perçue à travers ce même prisme condescendant. Bien qu’elle soit considérée comme un travail difficile, en quelque sorte rustique et digne d’empathie, elle n’est pas admirée comme une activité noble. Les observateurs, ainsi que de nombreux apiculteurs eux-mêmes, voient la transhumance comme une activité dictée par la pression économique, l’héritage familial ou le manque d’opportunités pour les habitants des zones rurales cherchant leur place dans l’environnement économique féroce et compétitif du pays. Même ceux qui trouvent du plaisir et des avantages à cette occupation l’expriment rarement spontanément en termes favorables, se référant à leur travail comme à un gagne-pain plutôt qu’à une passion pour « mère Nature », les voyages ou même les abeilles.

Pourtant, d’un certain point de vue, leur choix de vie les maintient à contre-courant. Contrairement aux autres travailleurs migrants, les apiculteurs transhumants s’installent dans des zones fleuries, des plaines ou des montagnes plutôt que dans des centres urbains animés, des usines, des sites miniers ou des marchés qui incarnent la modernité et le progrès. Ils conduisent leurs colonies vers l’abondance, tout en restant eux-mêmes modestes. Ils ne pratiquent pas le nomadisme – au sens de marqueur identitaire – mais ils transcendent la classification ethnique officielle qui définit les Han comme sédentaires. Les pratiques des apiculteurs bousculent le discours général sur les frontières entre les groupes ethniques et entre les classes dans la hiérarchie sociale chinoise. Hors cadre, ils vivent dans un état ambigu et, dans une certaine mesure, incontrôlé au cœur de zones invisibilisées.

En tant que migrants, les apiculteurs transhumants chinois partagent le fardeau d’être des étrangers où qu’ils aillent, des locuteurs de dialectes régionaux exerçant une profession risquée, des hommes soupçonnés, car non supervisés. Par conséquent, dans les localités situées à proximité des ruchers temporaires, les attitudes à leur égard sont ambivalentes : curiosité, empathie, parfois sympathie, mais aussi méfiance, mépris, hostilité voire exploitation. Mais malgré l’adversité et les difficultés du métier, s’il y a bien un terme qu’ils aiment formuler sans que cela soit nécessairement repris dans les discours, c’est celui de liberté, une valeur et un état hautement symboliques dans un pays où elle n’est jamais entièrement garantie : liberté de se déplacer, de produire sans patron, de vivre différemment.

Conclusion – xinku (dur et laborieux)

Il ressort de ces quelques exemples tirés de la littérature contemporaine, de documentaire d’auteur, de vidéos d’études et de textes journalistiques, rares documents chinois consacrés à la figure de l’apiculteur, deux tendances majeures en matière de représentations sociales. Une première vision met en exergue la dureté des conditions de vie et de travail tout en valorisant le labeur de ces hommes qui œuvrent pour leur famille (sacrifice), mais s’inquiètent pour l’avenir de leur activité. La seconde approche met en scène l’existence romantique, voire mystérieuse, des apiculteurs et une vision humanitaire de leur activité, un point de vue généralement citadin et politiquement correct, voire propagandiste : l’apiculture est un métier noble qui permet de gagner sa vie et profite à la communauté. Elle offre même une voie professionnelle pour les personnes handicapées. Les diverses figures d’apiculteurs évoquées dans les œuvres et documents analysés présentent quelques caractéristiques, à replacer dans le contexte des évolutions socioéconomiques de la Chine depuis les années 1980. L’apiculteur est avant tout un étranger qui se camoufle et interagit peu avec les populations des sites sur lesquels il s’établit temporairement. Presque indigent, il mène une existence humble dans un cadre rustique à contre-courant du reste de la société qui, elle, court au succès et à l’enrichissement bien plus ostensiblement. Pourtant, cet homme libre et nomade, ce mystérieux paysan déplacé comprend les abeilles, ce romantique qui ne suit que les fleurs et l’éternel printemps, cet expert en peine de ne pas voir la jeune génération poursuivre sa pénible tâche suscite rarement l’empathie et les encouragements. Tant et si bien que les apiculteurs chinois se sont imprégnés de la vision qu’ils offrent. Tout comme leur entourage, ils sont en effet les premiers à s’approprier le discours populaire sur leur métier et leur condition d’existence : xinku [dur et laborieux] reste le premier superlatif qu’ils emploient pour caractériser leur existence. Seuls la patience et les échanges avec ces hommes laissent émerger des récits plus personnels et nuancés.

1 Caroline Grillot, « L’amertume du miel. Les apiculteurs chinois transhumants », in Apiculteurs, nature et société,Denise Van Dam, Jean Nizet et

2 Diedie Weng, The Beekeeper and his son, film documentaire, produit par Mira Film Gmbh, (Zürich), Lowik Media (Montréal), SRF Schweizer Radio und

3 Traduction de l’auteur d’après le texte en anglais [En ligne] URL : https://thebeekeeperandhisson-film.com/en/film.

4 “养蜂人” [En ligne] URL : https://play.tudou.com/v_show/id_XMzYxNjgzNjcxNg.

5 “舌头上的中国”第二季 A Bite of China EP2 脚步 (avec sous-titres en anglais) [En ligne] URL : https://www.youtube.com/watch?v=aJzfy44Gwrc&ab_channel=CCTV纪录.

6 “养蜂人的故事” [En ligne] URL : http://www.iqiyi.com/w_19ruqrc7md.html.

7 “养蜂人” [En ligne] URL : https://www.iqiyi.com/w_19rv3sl43t.html.

8 “养蜂人亲历的世态与生态” [En ligne] URL : http://news.sina.com.cn/c/2007-08-29/105013769522.shtml (publié en août 2007, consulté en décembre 2022).

Bibliographie

GRILLOT, Caroline, « La transhumance en Chine. Des apiculteurs libres… mais contraints », Études rurales, no 206, « Apiculture. Des mondes en recomposition », 2020, p. 132-153 [En ligne] DOI : https://doi.org/10.4000/etudesrurales.23747.

GRILLOT, Caroline, « L’amertume du miel. Les apiculteurs chinois transhumants », in Apiculteurs, nature et société, Denise Van Dam, Jean Nizet et Michel Streith (dir.), Dijon, Éducagri éditions, 2021, p. 235-249.

SU TONG, « 你好,养蜂人 » [ni hao, Yangfengren], 1988 [En ligne] URL : https://www.kanunu8.com/book3/7373/45949.html.

TANG, Xiaobing, « Residual Modernism: Narratives of the Self in Contemporary Chinese Fiction », Modern Chinese Literature, vol. 7, no1, 1993, p. 7-31 [En ligne] URL : https://www.jstor.org/stable/41480808.

WENG, Diedie, The Beekeeper and his son, film documentaire, produit par Mira Film Gmbh (Zürich), Lowik Media (Montréal), SRF Schweizer Radio und Fernsehen, 2016, 85 minutes [En ligne] URL : https://thebeekeeperandhisson-film.com/en/.

Notes

1 Caroline Grillot, « L’amertume du miel. Les apiculteurs chinois transhumants », in Apiculteurs, nature et société, Denise Van Dam, Jean Nizet et Michel Streith (dir.), Dijon, Éducagri éditions, 2021.

2 Diedie Weng, The Beekeeper and his son, film documentaire, produit par Mira Film Gmbh, (Zürich), Lowik Media (Montréal), SRF Schweizer Radio und Fernsehen, 2016, 85 minutes [En ligne] URL : https://thebeekeeperandhisson-film.com/en/.

3 Traduction de l’auteur d’après le texte en anglais [En ligne] URL : https://thebeekeeperandhisson-film.com/en/film.

4 “养蜂人” [En ligne] URL : https://play.tudou.com/v_show/id_XMzYxNjgzNjcxNg.

5 “舌头上的中国”第二季 A Bite of China EP2 脚步 (avec sous-titres en anglais) [En ligne] URL : https://www.youtube.com/watch?v=aJzfy44Gwrc&ab_channel=CCTV纪录.

6 “养蜂人的故事” [En ligne] URL : http://www.iqiyi.com/w_19ruqrc7md.html.

7 “养蜂人” [En ligne] URL : https://www.iqiyi.com/w_19rv3sl43t.html.

8 “养蜂人亲历的世态与生态” [En ligne] URL : http://news.sina.com.cn/c/2007-08-29/105013769522.shtml (publié en août 2007, consulté en décembre 2022).

Citer cet article

Référence électronique

Caroline GRILLOT, « Les apiculteurs chinois, ces pauvres hères », Sociopoétiques [En ligne], 8 | 2023, mis en ligne le 08 novembre 2023, consulté le 21 novembre 2024. URL : http://revues-msh.uca.fr/sociopoetiques/index.php?id=2067

Auteur

Caroline GRILLOT

Ethnologue associé à l’Institut d’Asie Orientale (UMR 5062) Lyon

Droits d'auteur

Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)