3 | 2019
Distance et lien social

Sous la direction de Olivia SALMON-MONVIOLA et Cécilia BRASSIER-RODRIGUES

Que devient le lien social lorsque les distances paraissent s’accroître entre les individus en raison des processus d’individualisation d’une part et de numérisation des interactions sociales d’autre part ?

À cette question complexe, il peut être tentant d’apporter une réponse simple : le lien social est appelé à se défaire. D’un côté, on soulignera la rupture des collectifs minés de l’intérieur par le consumérisme individualiste et la fragmentation spatiale induite par la mondialisation. De l’autre les risques de désocialisation introduits par la technologie : le téléphone en fut accusé hier et Facebook aujourd’hui. Cette vision repose sur une opposition simple entre distance et lien social. La distance est ce qui sépare, le lien social ce qui unit. Or les sociologues ont montré de longue date, Simmel en particulier, qu’il s’agit d’une opposition dialectique : la distance n’est pas qu’une séparation, c’est aussi la condition du lien social (« trouver la bonne distance ») et notamment de l’altérité. Tandis que le lien social s’éprouve et se construit au travers de la distance.

Notes de la rédaction